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JOURNAL

années et je prends des notes à part dans un cahier… C’est un besoin sans arrière-pensée, comme le besoin de respirer. Mais avant tout, il faudrait me donner la paix, en me mariant pour ne plus avoir ce souci-là. ’M'adonner alors tout entière au travail… Jardi 3 juillet.

dans le chagrin. Rien qui console !  !  ! Enfin voici l’article du Nouveau 1 emps. Il est très bien et me gêne un peu, parce qu’il y est dit que je n’ai que dix-neuf ans, et que j’en ai plus, et que l’on m’en donne encore davantage. Mais l’effet en Russie sera très grand. Le tableau ne va pas, je suis Jeudi 12 juillet. — Les Canrobert à déjeuner, et nous allons à l’exposition de la rue de Séze. Mon Dieu, ce que je veux, c’est d’avoir du talent. Mon Dieu, il me semble qu’il n’y a plus rien que ça. Toilette, coquetterie, rien n’existe ; je m’arrange bien, parce que c’est encore de l’art et je ne pourrais pas étre fagotée, mais autrement… Cette préoccupation constante me rend laide ; je m’enterre, je m’enferme, et qu’est-ce que ça me rapportera ? Tout

ça est superbe à raconter après l’éclosion du génie, mais comme çal Je ne trouve pas Benvenuto Cellini aussi fort que moi en brûlant son mobilier ; je jette dans les flammes bien plas et bien mieux. Et qu’est-ce qui m’en reviendra ? Lui, il savait ce que ce serait, et moi !…

Si je me débarrassais bientôt de ce tableau des gamins, je m’en irais à la campagne, une vraie campagne, avec de grands horizons, des landes, pas de montagnes ; de beaux couchers de soleil, des terrains gris, puis