Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/510

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
505
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

est dans sa poche. C’est grandeur nature et à mi-corps. Il y a la main encore à faire. Mais, vers cinq heures et demie, je surprends un effet du ciel un peu rouge avec le croissant ; juste, juste, juste ce qu’il faut pour mes Saintes femmes ; j’en ai fait une pochade à l’instant. On ne pourra faire ce tableau que de chic, impossible de faire poser un ciel pareil ; j’ai très envie de m’y mettre tout de suite, maintenant je le ferai en trois semaines. Essayons toujours… Il ne fera pas plus mauvais à Goncarneau en novembre qu’en octobre, et puis… Il faut faire ce qui attire et dans le moment propice, le moment psychologique. J’ai mon ciel et j’irai dans le Midi pour le terrain, les plantes. J’ai le modėle ici. Il faudra aller dans le Midi, quand, voyons ? Quandj’aurai fait les figures et le ciel, – dans quinze jours, et, une fois là, peut-étre trouverai-je quelques tableaux à faire, car je ne suis såre des Saintes femmes. Ça peut réussir et ça peut pas

traîner sept ans. Mais ce ciél… Oh ! si c’était en petit… Mais non, je veux grandeur nature, ce sera plus empoignant. Attendre encore ? Peut-être, car j’ai bien fait d’avoir attendu ; il y a quelques mois encore j’en aurais gâché l’exécution ; je voulais le peindre par morceau et je ne comprenais pas assez le fondu qu’il faut lui donner. Et puis, je voudrais être connue d’abord et n’envoyer ce tableau qu’avec un nom connu, sans ça il risque de passer. Qui consulter ? Qui sera franc ? Qui verra juste ? Če sera encore toi, mon unique amie, tu seras franche au moins et tu m’aimes. Oui, je m’aime, moi seule. Oui, il faut achever les gamins. Avoir unautre tableau à envoyer avec. Exposer Bojidar dans une exposition d’hiver, au Cercle et un portrait de Dina aussi. Et avoir unc slatuc. Voilà le rêve. Il cst possible, E. B. — II