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JOURNAL

Ça c’est la mort à petit feu. Samedi 29 décembre. O misère ! il y a des journées noires, tristes, désespérées ; tous ces cancans, ce que cela fait dire, croire, inventer… Mais je n’ai jamais rien fait d’immoral ! El quand je pense !  !

Ah ! mes amis, perdez tout, mais gardez les apparences ! Enfin,

ces infimes misėres me rendent profondément malheureuse.

Si on ose dire des bêtises, on a raison tout en ayant infâmement tort.

Et voilà des choses méprisables, petites, infimes, dont je suis innocente et qui ne peuvent pas se rattraper. O misère !

Il y a des jours tristes, désespérés, noirs. On me couvre de calomnies… Et je n’ai rien fait, ni à moi, ni aux autres. Claire et Villevieille travaillent, et je pleure en écrivant à l’autre bout de la bibliothèque. Il y a des jours où l’on dégage de la clarté, d’autres où l’on est comme une lanterne éteinte : je suis éteinte.

Lundi 31 décembre. La maréchale et Claire dinaient hier chez la princesse Mathilde, et Claire me raconte que Lefebvre lui a dit qu’il connait mon talent, très réel, que je suis une personne assez extraordinaire, que je vais tous les soirs dans le monde et que, du reste, je suis surveillée, dirigée par des peintres illustres (d’un air fin).

Claire, en le regardant dans. les yeux : peintre illustre, Julian ? Lefebvre ? — Non, Bastien- Quel