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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

j’ai ouvert le soixante-deuxième, j’ai lu quelques pages et enfin suis tombée sur la lettre d’A… Cela m’a fait longtemps rêver et sourire, puis, encore rêver. Je me suis couchée tard, mais ce n’est pas du temps perdu, on n’a pas de ces moments perdus quand on veut, on n’en a que quand on est jeune ; il faut en profiter, les apprécier, et en jouir comme de tout ce que Dieu nous donne. Les jeunes ne savent pas s’apprécier, mais moi je suis comme une vieille qui sait tout ce que cela vaut et qui ne veut perdre aucune jouissance.

A cause de Robert-Fleury, je n’ai pas pu me confesser avant la.messe, ce qui fait remettre la communion à demain. La confession a été originale, la voici :

Vous n’êtes pas sans quelques péchés, dit le prêtre, après la prière.d’usage, n’êtes-vous pas sujettė à la paresse ?

Jamais. A l’orgueil ?

Toujours. Vous ne faites pas maigre ? Jamais.

Vous avez offensé quelqu’un ? Je ne crois pas, mais cela se peut, beaucoup de petites choses, mon père, rien de grave. Que Dieu vous pardonne alors, ma fille, etc., etc. Mon esprit est présent, je l’ai prouvé ce soir en causant et en ne blaguant pas ; je suis ealme et n’ai absolument peur de rien, au moral comme au physique… Souvent il m’arrive de dire : j’avais une peur atroce d’aller là ou de faire ceci. C’est une exagération de langage qui est commune à presque tout lé