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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Je change d’allure, je deviens calme, très tranquille, douce ; je deviens Allemande, je tricote des bas, un bas qui durera toujours, car je ne sais comment faire le talon ; je ne le ferai jamais et le bas sera long, long, long.

Il ne sera même pas long. Il pleut très fort. J’ai infiníment d’esprit ! douce Allemagne !

Mes promenades sont utiles, je lis et je ne perds pas mon temps. Sages, glorifiez-moi ! Mercredi 7 août.

— Mon Dieu, faites que j’aille à. Rome. Si vous saviez, mon Dieu, comme j’en ai envie ! Mon Dieu, soyez trop bon pour votre créature indigne ! Mon Dieu ! faites que j’aille à Rome… c’est impossible, sans doute… car ce serait être heureuse !… Ce n’est pas Tite-Live qui me monte la tête, car mon vieil ami est négligé depuis plusieurs jours. Non, mais rien que le souvenir de la campagne, de la place du peuple, du Pincio et de la coupole au soleil couchant…

Et ce divin, cet adorable crépuscule du matin, quand le soleil se lève et quand on distingue peu à peu… Quel vide partout ailleurs !… Et quelle sainte émotion au souvenir de la ville miraculeuse, fascinatrice !… Je crois que je ne suis pas la seule et qu’elle inspire’à chacun des sentiments inexplicables, qui tiennent à quelque mystérieuse influence… à quelque combinaison de… du passé fabuleux avec le présent sanctifié, ou bien… je ne sais pas dire…Si j’aimais un homme, je voudrais