plage, le fait paraître plus digne d’envie que les opulents Phéaciens. Et c’est bien là la vérité. Tous les autres biens n’appartiennent pas plus à ceux qui les possèdent qu’au premier venu ; comme au jeu de dés, ils passent des uns aux autres : seule la vertu est une richesse que l’on ne perd point et qui demeure fidèle après la mort comme pendant la vie. C’est, il me semble, ce qui fait dire à Solon en parlant des riches : « Nous n’échangerons point notre vertu contre leurs biens ; la vertu est toujours constante, les richesses de l’homme changent sans cesse de maîtres. » C’est encore la même idée qu’exprime Théognis lorsqu’il dit que le dieu, quel que soit le dieu dont il parle, fait pencher la balance tantôt d’un côté et tantôt de l’autre, que tantôt l’homme est riche et tantôt il ne possède rien.
Le sophiste de Céos, Prodicus, développe dans un endroit de ses écrits des principes semblables sur la vertu et sur le vice : c’est un de ceux qu’il faut écouter avec soin ; car ce n’est point un philo-