Page:Basile de Cesarée - De la lecture des auteurs profanes, 1894.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeunes auditeurs que, si la lecture des poëtes, des philosophes et des historiens de l’antiquité n’est pas toujours sans danger, on peut cependant, en laissant prudemment de côté tout ce qui est contraire à la foi ou à la pureté, extraire de leurs ouvrages des enseignements élevés, des leçons de vertu et de sagesse qui se trouvent en parfait accord avec la doctrine chrétienne.

On peut rapprocher avec fruit de l’homélie de saint Basile le traité de Plutarque Sur la lecture des poëtes. Le but du philosophe païen est le même que celui de l’orateur chrétien : il veut aussi montrer aux jeunes gens dans quel esprit il faut lire les œuvres des poëtes, combien il faut se tenir en garde contre leurs séductions, mais avec quelle ardeur on doit écouter leurs exhortations à la vertu.


I. La longue expérience de saint Basile, et sa paternelle affection pour les jeunes gens auxquels il s’adresse, l’engagent à leur donner quelques conseils sur les avantages qu’ils peuvent retirer de la lecture des auteurs profanes.

II. L’étude des lettres profanes est une utile préparation à celle des saintes Écritures.

III. La science profane ne fût-elle pour l’âme qu’un ornement, on ne devrait pas pour cela la dédaigner. C’est ce que prouvent les exemples de Moïse et de Daniel.

IV. Il faut étudier seulement dans les poëtes ce qui n’attaque ni la pureté ni la vertu, et s’abstenir soigneusement du reste, imitant en cela l’industrieuse abeille, qui ne s’arrête pas sur toutes les fleurs, et qui ne demande à chacune que les sucs bienfaisants qu’elle peut lui fournir.

V. On doit s’appliquer surtout aux poëtes et aux philosophes qui donnent les meilleurs préceptes et exhortent le plus vivement au bien. Exemples nombreux tirés d’Hésiode, d’Homère, de Théognis et de Prodicus.

VI. Mais il ne suffit pas de se pénétrer de ces préceptes, il faut encore les mettre en pratique : c’est le dernier degré du vice que de vouloir paraître vertueux sans l’être.