Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/105

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d’eux, tua Zoukhân d’un coup de masse d’armes sur la tête, prit de force la jeune fille, la ramena dans son palais et l’épousa. Elle supporta ses malheurs avec patience, se confiant au Dieu très haut à qui elle rendait, nuit et jour, dans le palais de son mari, le tribut d’adoration qui lui est dû.

Un jour, le roi, partant pour une expédition, manda son autre ministre Kardân et lui dit : « J’ai confiance en toi ; je veux te confier la garde de la fille de Zoukhân qui est devenue mon épouse ; je veux que tu veilles sur elle en personne, car nul au monde ne m’est plus cher que toi. » Kardân se dit en lui-même : « Le roi me fait là un grand honneur, » puis il ajouta tout haut : « Avec amour et obéissance. » Lorsque Dâdbin fut parti, le vizir pensa : « Il faut absolument que je voie cette femme que le roi aime à ce point, » puis il se cacha dans un endroit d’où il pouvait l’apercevoir. Il la trouva au-dessus de toute description ; il en fut troublé et son esprit s’égara. La passion triompha de lui au point qu’il écrivit à la reine : « Aie pitié de moi, je meurs d’amour pour toi. » — « Vizir, lui répondit-elle, tu occupes près du roi un poste de confiance ;