Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Que doit-on faire à celui qui ne respecte pas le harem de son maître ? »

« On ne doit pas garder de ménagements envers lui, » répondit le confident.

« Et celui qui pénètre dans l’appartement du roi qu’il trompe, que mérite-t-il ? »

« On ne doit pas le laisser vivre. »

Alors le prince lui cracha au visage en disant : « C’est toi qui as agi ainsi, » puis il saisit son poignard, l’en frappa au ventre et le tua sur-le-champ ; ensuite il traîna son cadavre et le jeta dans un puits du palais. Après ce meurtre, il fut en proie à un vif repentir ; son chagrin et son anxiété s’accrurent ; mais on avait beau l’interroger, il n’en révélait pas le motif, pas même à son épouse, à cause de son amour pour elle. Il demeurait muet toutes les fois qu’elle lui demandait la raison de sa tristesse. Les vizirs, qui en furent instruits, se réjouirent fort, sachant bien que l’affliction du prince n’était que du repentir.

Depuis ce moment, Ilân-Châh alla de nuit dans l’appartement des deux pages pour écouter ce qu’ils disaient de la reine. Un soir qu’il était caché à leur porte, il les vit étaler l’or devant eux et s’en amuser en disant :