Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/187

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jetèrent dans un puits dans le voisinage du chemin ; puis, il partirent, les laissant mourir à cette place où ils avaient déjà précipité beaucoup de monde. L’eunuque se mit à pleurer, mais le prince lui dit :

« Qu’est-ce que ces larmes ? À quoi servent-elles ici ? »

« Ce n’est pas que j’aie peur de la mort, répondit l’eunuque, mais je m’afflige à cause de toi et de ta triste situation, comme à cause de ta mère ; mais je ne ressens aucune terreur : après tant de catastrophes de tout genre, dois-tu succomber à une mort honteuse ! »

Le jeune homme répliqua :

« Tout ce qui m’arrive est écrit ; personne ne peut l’effacer ; lorsque le moment de son accomplissement est arrivé, personne ne peut le retarder. » Ils restèrent ainsi cette nuit, le lendemain, la nuit suivante et le second jour, jusqu’à ce que, épuisés par la faim, ils étaient sur le point d’expirer de faiblesse.

Par la volonté et la puissance de Dieu, il advint que le roi de Roum, étant parti pour la chasse avec son épouse et une troupe d’hommes, arriva près de ce puits ; l’un des chasseurs descendit de sa monture pour