Un jour qu’il était parti pour la chasse avec quelques courtisans, il aperçut un eunuque à cheval, tenant dans sa main les rênes d’une mule qu’il conduisait, et sur laquelle était une litière de brocard d’or, surmontée d’une couronne incrustée de perles et de diamants. Une troupe de cavaliers l’escortait. À cette vue, le roi se sépara de ses compagnons, alla vers le cortège et demanda : « À qui est cette litière, et qui renferme-t-elle ? » L’eunuque qui ne le connaissait pas lui répondit : « Elle appartient à Isfehbed3, vizir du roi Azâd-bakht, et renferme sa fille qu’il veut marier au roi Zâd-Chah4. » Tandis que l’eunuque faisait cette réponse, la jeune fille souleva un pan du rideau de la litière pour connaître qui parlait et aperçut le prince. Quand celui-ci la vit et quand il contempla sa figure et sa beauté, telles que le conteur n’en a jamais vu de semblables, son cœur fut agité ; il s’éprit d’elle et se consuma d’amour.
« Tourne la tête de la mule, dit-il à l’eunuque, et reviens sur tes pas. Je suis le roi Azâd-bakht, et c’est moi qui l’épouserai, car son père Isfehbed est mon vizir et donnera sans peine son consentement. »