Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/44

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Alors Azâd-bakht dit à sa femme : « Qu’allons-nous faire ? » Elle lui répondit : « Tu es plus instruit que moi et je suis à tes ordres. » Le roi fit préparer deux chevaux rapides, monta sur l’un et la reine sur l’autre7 : ils prirent autant d’or qu’ils purent, et partirent en fugitifs, pendant la nuit, pour le pays de Kermân8. Isfehbed entra dans la ville et se fit reconnaître pour roi.

La femme d’Azâd-bakht était enceinte : la délivrance la surprit auprès d’une montagne, au pied de laquelle les fugitifs s’arrêtèrent, à côté d’une fontaine. Elle mit au monde un garçon pareil à la lune et le revêtit d’un vêtement de brocard brodé d’or dans lequel elle l’enroula. Ils passèrent la nuit dans cet endroit et Behrédjour allaita son fils jusqu’au matin. Son mari lui dit :

« Nous sommes embarrassés par cet enfant, il n’est pas possible de rester ici ; d’un autre côté, nous ne pouvons l’emporter avec nous. Il vaut mieux le laisser ici et partir : Dieu peut lui envoyer quelqu’un qui le recueille et l’élève. »

Ils pleurèrent fort, l’abandonnèrent près de la source, enveloppé dans le manteau de brocard, placèrent près de sa tête mille di-