Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/75

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siner, tous tes serviteurs ambitionneront le pouvoir : déjà il circule parmi le peuple des bruits à ce sujet. » Le roi, irrité de ces paroles, dit : « Amenez-le-moi ici », et il ordonna au bourreau de lui trancher la tête. On banda les yeux au prisonnier : l’exécuteur se tint debout près de lui et s’adressa au prince : « Avec ta permission, seigneur, je lui couperai le cou. » — « Arrête, interrompit son maître, je veux examiner son cas : s’il faut absolument le faire périr, il n’échappera pas à la mort. » Puis il le fit ramener en prison où le condamné demeura jusqu’à ce qu’il plût à son frère de le tuer19.

Sur ces entrefaites, ses parents ayant entendu parler de l’aventure, le père alla trouver le roi, écrivit une requête sur une feuille de papier et la lut au prince. Voici ce qu’elle contenait : « Sois miséricordieux envers moi, et Dieu le sera envers toi ; ne te presse pas d’ordonner une exécution, car moi-même, pour avoir agi avec précipitation, j’ai fait périr son frère dans la mer, ce qui m’a, jusqu’à aujourd’hui, causé de la douleur. Si tu veux sa mort, tue-moi à sa place. » Puis il se prosterna devant le roi et se mit à pleurer.