Page:Basset - Nouveaux Contes berbères, 1897.djvu/102

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J’accepte ta condition, répondit l’homme : il alla trouver sa femme et lui dit : « Ma fille, cet hôte qui est chez nous m’a dit quelque chose. — Quoi donc ? demanda-t-elle. — Il m’a dit qu’il ne mangerait pas le souper s’il n’y avait pas quatre cœurs. — Comment te les procureras-tu ? — Dieu veut que nous lui préparions un repas. »

Il avait chez lui deux chèvres ainsi que deux enfants. Il alla d’abord chercher un couteau qu’il aiguisa de manière à pouvoir couper un cheveu ; ensuite il prit les deux chèvres qu’il possédait, les égorgea, enleva leurs cœurs qu’il mit sur un plat, puis il dit à sa femme : « Voilà déjà deux cœurs, je vais m’occuper des autres. — Deux suffisent pour le souper, répondit la femme. — Non pas, ma fille, nous avons de quoi satisfaire son désir : Dieu se fâcherait contre nous, puisque notre hôte a mis cette condition à son repas, — Où trouveras-tu les autres cœurs ? — Nous avons deux enfants, reprit le brigand ; sépare-les : je tuerai l’un, je prendrai son cœur que je mettrai avec ceux des chèvres : il m’en manquera encore un. Alors, prends mon couteau, égorge-moi et tire mon cœur, tu le placeras avec les autres ;