Page:Basset - Nouveaux Contes berbères, 1897.djvu/137

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que c’était un ogre. Elle alluma du feu et le lui présenta, mais il lui dit : « Approche-toi près de ma main. » Elle s’approcha, il la saisit et s’enfuit avec elle.

Le père dit à l’un de ses fils : « Lève-toi, cherche après ta sœur. » Il partit et suivit ses traces. Quand il arriva à la maison de l’ogre, il l’y trouva. « Qui t’a amené ? dit-elle ; l’ogre te mangera. — Je suis venu vers toi, lui répondit-il. — Je te cacherai. » Elle le cacha. Quand l’ogre revint, il dit à cette jeune fille : « Je flaire l’odeur humaine. — Il n’y a personne ici que moi, répondit-elle ; si tu veux me dévorer, dévore-moi. — Je ne te mangerai pas, ni personne de ta famille ; fais-le sortir, je ne le mangerai pas. » Elle fit sortir son frère, l’ogre lui donna à manger et à boire, puis il lui dit : « Viens te promener, tu verras mes jardins. » Ils s’en allèrent. En sortant, l’ogre revint à la maison et dit à la jeune fille : « Si tu vois se lever le vent blanc, mets du koh’eul et teins-toi les lèvres ; tu te réjouiras, ce sera le signe que ton frère est mort ; si tu vois se lever le vent rouge, couvre ta tête de poussière et pousse des lamentations, ce sera signe que je serai mort. » L’ogre partit avec le jeune homme.