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1600. aout.

Juillet. — En fin nous arrivasmes a Lion ou le roy sejourna trois mois[1], attendant l’effet du traitté qu’il avoit fait avec Mr  le duc de Savoye pour la restitution du marquisat de Saluces : en fin il s’achemina a Grenoble, ou il arriva le 14e d’aust. J’en partis le jour mesme pour me trouver a la prise de la ville de Montmelian, que Mr  de Crequy[2] petarda d’un costé avec son regiment, et Mr  de Morges[3] de l’autre, avec quelques compagnies de celuy des gardes. J’estois avec mon cousin de Crequy[4], lequel fut plus heureux que Morges, parce que son petard luy fit ouverture pour entrer en la ville, et l’autre ne fit qu’un trou fort petit, de sorte que nos gens furent rompre la porte par laquelle les gardes devoint entrer. Nous fismes barricade contre le chasteau quy nous tira forces canonnades. Il y eut quelque desordre entre les trouppes que menoit Morges, et celles de Mr  de Crequy, sur un des chevaux-legers du roy quy fut tué par un gentilhomme de Dauphiné, nommé Pilon, le prenant pour un ennemy : Mr  de Crequy ayant apaisé la rumeur, il voulut faire remettre l’espée au fourreau a

  1. Il faut lire : trois semaines.
  2. Charles, sire de Créquy et de Canaples, maréchal de France en 1621, duc de Lesdiguières en 1626 par la mort du connétable de Lesdiguières, dont il avait successivement épousé deux filles, était fils d’Antoine de Blanchefort, seigneur de Saint-Janvrin, et de Chrétienne d’Aguerre. Antoine de Blanchefort avait été institué héritier des biens de la maison de Créquy par le cardinal de Créquy, son oncle maternel, à la condition d’en prendre les nom et armes. Le maréchal de Créquy fut tué d’un coup de canon le 17 mars 1638.
  3. Abel de Bérenger de Morges.
  4. Voir a l’Appendice. VII.