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notice historique

avaient alors achevé leur éducation et visité les cours de Bavière et de Florence, l’Allemagne et l’Italie. En France ils retrouvaient, parmi les princes et les grands seigneurs, des amis de leur père qui les accueillaient et les entouraient à la cour. Aussi doit-on regarder comme peu vraisemblable l’histoire que raconte Tallemant des Réaux (t. III, p. 333) d’une mystification pratiquée par Sygongne sur François de Bassompierre. Bientôt le roi se prit d’une vive amitié pour le jeune courtisan, et dès lors commença pour ce dernier cette vie d’aventures galantes et de folies de jeunesse qu’il faut lui laisser raconter à lui-même, et à laquelle la campagne de Savoie, en 1600, et la campagne de Hongrie, en 1603, firent une courte diversion. Parmi ses nombreuses passions, il y en eut une qui le rapprocha encore du roi : il aima Charlotte-Marie de Balsac, sœur de la marquise de Verneuil ; dans ce commerce troublé, sa destinée eut quelque ressemblance avec celle d’Henri IV : comme lui il eut des brouilles et des raccommodements, comme lui il fut poursuivi par une promesse de mariage : les deux sœurs, poussées par leur mère, avaient la passion de se faire épouser ; un long procès, qui lui causa beaucoup de tourments, se termina seulement en 1615 par un jugement définitif qui le délivra de cette obsession.

Cependant, au milieu de ces folies, la perspective d’un brillant établissement se présenta au jeune seigneur : le connétable de Montmorency conçut la pensée de lui faire épouser sa fille et lui en fit lui-même la proposition. Il faut lire dans les Mémoires le récit de cet intéressant épisode : quelle dignité dans l’offre de ce grand seigneur, âgé, comblé d’honneurs, qui veut donner sa fille à un jeune homme digne d’elle par sa naissance, mais encore inconnu et n’ayant pas fait fortune ; et quelle noble simplicité dans la modestie et dans la reconnaissance du jeune homme qui sent le prix de l’honneur qu’il reçoit, mais qui en même temps ne s’en juge pas indigne ! Le mariage allait donc s’accomplir,