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journal de ma vie

guelot, tous deux liegeois, l’autre. Je fis donner la cornette de Champgaillart a Cominges[1], et sa lieutenance a La Croix, quy depuis a esté colonel.

C’estoit pendant le caresme-prenant que l’on traittoit de ma capitulation, auquel temps on parle peu d’affaires en ces païs du nord ; et je ne pressois pas fort mes expeditions, estant esperduement amoureux de madame Ester, laquelle, apres plusieurs esperances qu’elle me donna, et sa sœur au Rosworm, de revenir passer le carnaval a Prague, en fin elles furent retenues a Carlestein par la maladie du bourgrave leur pere. Nous le passames bien gayement en festes et festins continuels, et jouans a la petite prime fort grand jeu, entre cinq ou six que nous estions, assavoir le president du royaume nommé Steremberg[2], Adam Galpopel, le grand prieur de Malte, Kinsky l’ainé[3], et le Rosworm et moy ; et n’estoit soir qu’il n’y eut deux ou trois mille dallers[4] de perte ou de gain.

Celuy quy faisoit l’office de grand escuier de l’empereur, nommé Bruscofschi, se maria avesques une riche femme, ou le Rosworm et moy, fusmes conviés ; et un des quattre jours que cette noce dura, nous vou-

  1. Charles de Cominges-Guitaut, seigneur de Fléac, second fils de Pierre de Cominges, seigneur de Guitaut, et de Joachine du Breuil, servit longtemps sous le maréchal de Bassompierre, et devint maître d’hôtel du roi, et capitaine au régiment des gardes. Il fut tué au siège de Pignerol, en 1630.
  2. Jean Ulric, comte de Stahrenberg.
  3. Guillaume Kinsky, fils aîné de Jean Kinsky, baron de Wchinicz, et d’Anne de Wizesowitz, colonel au service de l’Empire, fut tué, en 1634, avec Wallenstein.
  4. Thalers.