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journal de ma vie.

disois mes raysons ; laquelle le roy receut en bonne part, et vit celle de Zammet, puis m’escrivit deux mots de sa main, me commandant de le venir trouver, et qu’il me tesmoygneroit combien il m’estoit bon maitre ; ce que je fis : et connoissant que je ne pouvois en mesme temps estre en France et en Hongrie, que mon affaire de France n’estoit pas de celles quy se terminent en un mois, et qu’elle m’y arresteroit longtemps ; considerant aussy qu’elle m’importoit de cent cinquante mille escus, je me resolus de m’envoyer excuser vers l’empereur par un gentilhomme que j’y envoyay, que j’addressay au Rosworm, pour moyenner que Sa Majesté receut mes excuses en bonne part sur les raysons que je luy alleguay : ce que, par sa bonté, elle fit de telle sorte qu’elle me fit mander par le mesme Rosworm qu’elle ne provoieroit point de colonel a ses trouppes estrangeres, et que, sy l’année d’apres j’y voulois revenir, elle me conserveroit la capitulation qu’elle m’avoit faitte. Et bien que j’eusse desja fait quelques frais, je rendis l’argent que j’avois receu, entierement ; dont on me loua a la court de l’empereur.

Aust. — Je partis donc de cheux moy, et m’en vins a Paris, ou je fus extremement bien receu de mes amis, quy m’y retindrent trois jours avant que d’aller trouver le roy quy estoit a Fontainebleau, et m’y voulurent accompagner ; de sorte que nous courions a pres de quarante chevaux de poste : car Mrs  de Pralain, de Laval, de Crequy, comte de Sault[1],

  1. Louis d’Agout, comte de Sault, fils de François-Louis d’Agout, comte de Sault, et de Chrétienne d’Aguerre, veuve en