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et bibliographique.

On y conspirait même, et il eut l’honneur de mériter la défiance du jeune abbé de Retz, qui venait préluder à sa vie d’intrigue par des complots noués avec le comte de Cramail, mais soigneusement cachés au maréchal, que l’on trouvait « trop causeur. »

Enfin Richelieu mourait le 4 décembre 1642, et bientôt le maréchal de Bassompierre pouvait inscrire ces vers dans son Repertoire :


Enfin sur l’arriere sayson
La fortune d’Armand s’accorde avec la mienne :
France je sors de ma prison[1]
Quand son âme sort de la sienne.
Regarde sy c’est justement
Qu’il m’a tenu douze ans dedans cette misere
Puis qu’un sy subit changement
Me rend ma liberté première.


Ce ne fut cependant pas sans peine que les illustres prisonniers de la Bastille parvinrent à en sortir. Mazarin et Chavigny demandaient leur mise en liberté ; Sublet de Noyers s’y opposait. L’ordre d’élargissement fut donné seulement le 18 janvier 1643, et comme les captifs délivrés n’étaient pas encore autorisés à revenir à la cour, le maréchal refusait de sortir de sa prison : ses amis le décidèrent à en prendre son parti, et il se retira, suivant l’ordre du roi, au château de Tillières.

Henri Arnauld, abbé de Saint-Nicolas d’Angers, dans un journal adressé à la présidente Barillon (Manuscrits de la Bibliothèque nationale, Fr. 3778), racontait ainsi les péripéties de cette délivrance, que l’invisible influence de Richelieu semblait encore entraver :

« Du 4 janvier 1643... On fait esperer aux deux mare-

  1. Anagramme de : François de Bassompierre, en changeant b en n.