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1608. juillet.

j’avois intelligence, et que pas une n’eut pris ombrage d’une autre ; ce quy est bien rare en pareilles occasions.

La chaleur de cette année là fit que l’eau de la riviere fut sy bonne pour s’y baigner que, plus d’un mois durant, on voyoit, depuis Charenton jusques en l’isle du Palais, plus de quattre mille personnes dans l’eau.

En ce temps la Mr  le duc de Lorraine, Charles IIIe, mourut[1], et je fus prié d’aller a ses funerailles ; ce que je fis, et demeuray trois semaines en ce voyage. Il ne se peut dire le soin que les dames eurent de me faire souvent sçavoir de leurs nouvelles, et de m’envoyer des courriers, des lettres et des presents. L’estoile de Venus estoit bien en ascendant sur moy allors. Je revins a Paris, et quattre dames en carrosse vindrent par dela Pantin, faisant semblant de se promener, quy me mirent dans leur carrosse, et me ramenerent jusques a la porte de Saint-Honoré, ou je remontay sur mes chevaux de poste pour entrer a Paris. Je trouvay qu’Antragues en estoit partie pour s’aller marier a Malesherbes avesques un comte d’Aché, d’Auvergne, quy la recherchoit ; mais ce mariage se rompit sur les articles.

Des que le roy sceut que j’estois arrivé a Paris, il m’escrivit pour me faire promptement venir a la court, me mandant que j’avois jusques allors esté tenu le plus grand joueur de sa bande, mais qu’il estoit depuis peu arrivé un Portugais, nommé Pimen-

  1. Le duc de Lorraine était mort le 14 mai.