Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xx
notice historique

reprit possession, à condition de payer à M. de la Châtre la somme de 400,000 livres qu’il avait reçue de M. de Coislin. Sa démission était considérée comme nulle, et la charge comme n’ayant pas été vacante[1]. Le marquis de la Châtre, dans ses mémoires, se plaint à cette occasion du maréchal de Bassompierre et de M. de Brienne : ce dernier lui fit une réponse que l’on trouve dans un Recueil de diverses pièces, imprimé à Cologne, mdclxiv.

Le maréchal ne jouit pas longtemps de ce retour de faveur. Le 12 octobre 1646, ses gens le trouvaient mort dans son lit à Provins, où il s’était arrêté en revenant d’une maison de M. Bouthillier, ancien surintendant des finances, « cette mort subite, dit la Gazette de France, ayant d’autant plus estonné les assistants que ce seigneur avait acquis dès sa jeunesse l’affection d’un chacun. » On eut même quelque soupçon d’empoisonnement, comme on le voit par un récit que le curé de Chaillot avait inséré dans un registre des décès, aujourd’hui brûlé, mais heureusement dépouillé par M. Cocheris avant les tristes événements de 1871 : « Son corps a esté ouvert, écrit le curé : on a eu quelque mauvais soupçon de sa mort, comme d’ordinaire on soupçonne mal de la mort des grands, principalement quand ils meurent de la sorte[2]. » Le corps avait été rapporté dans un carrosse au château de Chaillot : les intestins, la langue et la cervelle furent enterrés dans l’église de la paroisse devant le grand

  1. On trouve dans l’Inventaire fait après le deceds de Mr le mareschal de Bassompierre la cote suivante :
    « Item les lettres de restablissement dudt sgr mareschal en la charge de colonel general des Suisses en datte du 15e octobre 1643. Signé : Louis, et sur le reply : par le Roy, la Reine regente sa mère presente, Le Tellier, et scellées du grand scel de cire jaune, inventorié au dos 42. »
  2. Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l’abbé Lebeuf, nouvelle édition, annotée et continuée par Hip. Cocheris, t. IV, p. 313-314.