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1613. juin.

noblesse que j’y avois menée, firent que tout le temps que je demeuray a Rouan, quy fut un mois, se passa comme un caresme prenant en continuelles festes, bals, et assemblées ; et je ne rapportay de tout ce sejour qu’une evocation que par surprise ma partie obtint du conseil du roy, quy me retarda de six mois et m’obligea de m’en revenir.

J’oubliois de dire que, quand je partis de la court pour aller a Rouan, j’estois en tres estroitte liaison avesques les trois ministres, lesquels m’avoint employé en plusieurs choses, et m’en avoint fait proposer d’autres dont ils ne vouloint pas paroistre les auteurs ; particulierement trois dont ils me firent faire ouverture a la reine. La premiere fut monsieur le chancelier quy me pria d’insister vers la reine pour le rasement de Quillebeuf en donnant recompense au mareschal de Fervaques, ce que la reine accorda : Mr le president Jannin me pria de parler du retour de Mr le Grand a la court, a quoy je m’employay aussy avec effet ; et Mr de Villeroy desira que je fisse instance a la reine de permettre a Mr de Souvré de resinner la charge qu’il possedoit de premier gentilhomme de la chambre a Mr de Courtanvaut[1] son fils, a quoy la reine me respondit que, lors qu’elle erigea une troisieme charge

  1. Jean, seigneur de Souvré, marquis de Courtenvaux, fils de Gilles de Souvré, marquis de Courtenvaux, et de Françoise de Bailleul, avait épousé en 1610 Catherine de Neufville, petite-fille de M. de Villeroy : c’était pour cette raison que ce ministre voulait lui faire obtenir la charge de premier gentilhomme de la chambre, que son père aurait résignée en sa faveur. Le marquis de Courtenvaux mourut en 1656, à l’âge de 72 ans.