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journal de ma vie

compagner en la retraitte qu’il fit au monastere de Just en Espaigne ou il finit saintement ses jours, sa compagnie des gardes espagnolle, et laissa l’allemande, et la flamande, au roy son fils ; mais il voulut que les deux capitaines d’icelles, (quy estoint mon grand pere et le marquis de Renty[1]), vinssent avesques luy jusques au dit monastère de Just (ou il se retira) ; a la porte duquel il leur dit adieu, et leur donna a chascun un beau diamant pour souvenance de luy, et pour marque de leur fidellité, que nous avons depuis soigneusement gardé. Mon grand pere, a son retour en Flandres, trouva que le roy catholique luy avoit conservé sa charge de capitaine de la garde allemande, mais non celle de gentilhomme de la chambre ; ce quy fut cause qu’il se retira. Et parce qu’il ne pouvoit venir habiter en Lorraine, ou estoit son principal bien, il se tint cheux son cousin le duc d’Arscot[2], quy, en secondes noces, avoit espousé la tante paternelle du duc Charles de Lorraine, de laquelle est issu le marquis d’Avray, pere du duc de Crouy, dernier mort. Mais le dit François de Bettstein, peu de mois apres,

  1. Guillaume de Croy, marquis de Renty, frère puiné de Philippe II de Croy, duc d’Arschot ; né en 1527, mort en 1565.
  2. Philippe II, sire de Groy, premier duc d’Arschot, fils de Henri, sire de Croy, d’Arschot et de Renty, et de Charlotte de Chasteaubriant, avait épousé en premières noces Anne de Croy, princesse de Chimay, et en secondes noces Anne de Lorraine, fille d’Antoine, duc de Lorraine, et de Renée de Bourbon, et veuve de René de Nassau-Châlon, prince d’Orange.
    Comme Philippe II de Croy était mort en 1549, ce fut probablement auprès de Philippe III de Croy, fils de ce seigneur et d’Anne de Croy, que François de Bassompierre vint finir ses Jours.