Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
préliminaire.

1588. En suitte les barricades de Paris estant survenues en l’année 1588, et la paix de Chartres s’estant jurée, le roy assembla les estats a Blois[1]. En ce mesme temps Mr le duc de Savoye[2] ayant envahi le marquisat de Saluces, le roy envoya querir feu mon pere pour luy faire faire quattre mille lantsquenets dont il luy donna la capitulation : et mon pere s’en voulant aller pour faire sa levée, il luy commanda d’arrester encores quinse jours pour recevoir l’ordre du Saint Esprit au jour de l’an prochain[3], a quoy se preparant, Mr de Guyse fut tué la surveille de Nouel, et le roy envoya en mesme temps Mr de Grillon[4], mestre de camp du regiment des gardes [cheux mon pere[5]], pour le prendre, affin de destourner les levées que l’on pourroit faire pour la ligue en Allemaigne, [se douttant bien que l’affection que mon pere avoit pour Mr de Guyse le porteroit a venger sa mort ;

  1. Theodorich de Bettstein, fils de Maximilian, frere ainé de François, lequel Theodorich estoit cousin germain de mon pere, mourut sans hoirs, et laissa feu mon pere heritier de tous les biens de la maison de Bettstein.
    (Addition de l’auteur).
  2. Le duc de Savoie était alors ce célèbre Charles-Emmanuel Ier, dont le long règne fut une suite d’entreprises tantôt hardies, tantôt artificieuses, le plus souvent dirigées contre la France. Fils du duc Emmanuel Philibert et de Marguerite de France, fille de François Ier, il succéda à son père le 30 août 1580, et mourut le 26 juillet 1630.
  3. Christophe, baron de Bassompierre, fut nommé chevalier des ordres en 1587, mais non reçu.
  4. Louis de Berton des Balbes, seigneur de Crillon, mestre de camp du régiment des gardes, le brave Crillon. Il mourut en 1615.
  5. Inédit.