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journal de ma vie.

ce scandale, et les autres evesques quy estoint en peine de l’affront que ce galant homme alloit recevoir, me parlerent de m’en desister, en me promettant que le clergé demanderoit au pape des nouveaux juges, et le nonce me donnant parole que Sa Sainteté dans trois mois au plus tard casseroit, comme avoit desja fait le parlement, toutes les procedures de cette beste ; ce qu’il fit, et me donna le chois des personnes qu’il delegueroit en France pour achever et terminer ce proces : mais je n’en voulus aucun jusques a ce que j’eusse eu un plein et entier jugement du parlement ou j’estois attaché et ou cette cause estoit retenue.

May. — Je me trouvay a ce retour en de tres grandes perplexités, non seulement a cause de cette affaire là, mais aussy pour plus de seise cens mille livres que je devois a Paris sans moyen de les payer ; et mes creanciers quy me voyant aller sur le sujet de l’extremité de la maladie de ma mere, avoint eu quelque esperance que des biens dont j’en heriterois je les pourrois satisfaire, me voyans revenir et ma mere garantie de son mal, estoint hors d’esperance de pouvoir sortir d’affaires avesques moy, et par consequent fort mutinés. Il y avoit aussy brouillerie en une maison entre un mary et une femme, dont j’estois le principal sujet, quy me mettoit en peine (juin) : mais plus que tout cela une fille grosse de sept mois, que je n’attendois que l’heure que l’on s’en apperceut avesques un grand scandale et une mauvaise fortune pour moy.

Il arriva que peu de jours apres j’eus les cassations des procedures de ce bel archevesque d’Aix ; que la mort de ma mere quy m’apporta quelque cinquante