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journal de ma vie.

remueroit, et que quand il y auroit gens pour ce faire (ce que non)[1], nous serions passés devant qu’ils eussent pensé a se mettre en estat de l’empescher.

Mr de Temines quy n’approuvoit point de passer sur la contrescarpe de la ville, quy est un tres meschant chemin, fut bien ayse que j’eusse dit la mesme chose a la reine qu’il luy avoit precedemment proposée et l’appuya de telle sorte par d’autres raysons qu’en fin la reine me dit : « Respondés moy de Mr le Prince, et puis faites comme tous deux vous l’entendrés. »

Je luy dis qu’elle envoyat querir les deux capitaines[2] de la garde françoise pour leur faire le commandement ; elle me dit : « Faites leur de ma part. » « Madame, luy respondis je, nous ne levons pas la garde comme cela : il faut que de la propre bouche de Vostre Majesté ils en reçoivent le commandement ; autrement ils ne le doivent faire. » Elle me dit : « Cela fera rumeur[3] : allés les trouver vous mesme ; » ce que je fis, et envoyay en mesme temps querir les deux cens Suisses du faubourg Saint Honoré pour venir devant le Louvre sans battre tambour. Je ne trouvay que des sergens dans les corps de garde françois, que j’amenay a la reine quy leur commanda de faire ce que je leur dirois. Je pris deux cens hommes des deux compagnies françoises, cent de celle des Suisses quy estoint en garde, et quelque cent cinquante quy me vindrent du faubourg : j’envoyay monter a cheval huit gentilshommes des miens. Mrs de Vignoles,

  1. C’est-à-dire : ce qui n’était pas.
  2. Les précédentes éditions portaient : compagnies.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : cela me fera ruiner.