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journal de ma vie.

« Monsieur, ce n’est pas là la place d’un mareschal de camp ; vous ne pourrés plus faire combattre les autres trouppes, estant a pié a la teste de celle là. » Je luy dis qu’il avoit rayson, mais que ces regimens quy estoint farcis de forces nouvelles recreues, combattroint bien me voyant a leur teste, et mal sy je demeurois derriere, et puis que je les avois ammenés j’avois interest qu’ils fissent bien. Allors il dit : « Je ne demeureray pas a cheval, vous estant a pié », et se vint mettre a ma main gauche.

En mesme temps les enfans perdus des gardes et ceux de Champaigne menés par Malaissis[1] et Cominges, s’approchans [de cent pas][2] du retranchement, et nous trente pas derriere eux, toute la mousqueterie des ennemis quy le deffendoit fit sa descharge toute a la fois. Nous jugeames bien allors qu’ils n’y entendoint rien, et qu’ils estoint perdus, ce quy nous fit en diligence donner dans le retranchement. Nos enfans perdus trouverent peu de resistance, et me souvient que Cominges me cria, estant au haut du retranchement : « Souvenés vous, Monsieur, que j’y ay monté le premier. » Nous donnames immediatement apres sans rencontrer personne devant nous, ny peril que de quantité de mousquetades que l’on nous tiroit des fenestres du faubourg, quy tuerent et blesserent quelques uns[3] des nostres. Mr de Nerestan et moy nous rencontrames au lieu que l’on n’avoit point encor

  1. Maleyssie était lieutenant de la compagnie de Créquy, c’est-à-dire de la mestre de camp des gardes françaises.
  2. Inédit.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : quantité.