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journal de ma vie.

Deux choses furent cause que nous primes ainsy la ville : l’une, que l’on n’en sceut jammais lever le pont levis[1] ; l’autre, que nous entrames pesle mesle avesques les ennemis. Aussy avoit Mr le duc de Rets emmené Betencourt avesques luy pour le faire sortir avesques ses trouppes, et comme il[2] revint de cette porte, il trouva que par celle du pont les gens du roy avoint pris la place. Il se jetta, comme s’il eut esté des nostres, parmy nos gens jusques a ce qu’il fut pres du chasteau[3] ou il courut, et lors on l’apperceut et luy tira on forces mousquetades dont l’une luy donna dans l’espaule, quy luy rompit[4]. Il entra quand et luy[5] deux soldats du regiment des gardes, l’un nommé Poissegu[6] quy avoit esté page de Mr de Guyse, et un autre mousquetaire : le gouverneur creut qu’ils estoint des trouppes deffaites, et eux feignirent d’en estre ; il les mit aux deux canonnieres quy regardent sur le pont : ils tiroint incessamment, mais haut,

  1. Le pont-levis partageait en deux le pont de la Loire sur lequel eut lieu une partie de l’action.
  2. Il, Betencourt.
  3. Le château des Ponts-de-Cé.
  4. « Le vicomte de Bettancourt, qui était gouverneur du Pont-de-Cé, y fit fort bien. Après avoir reçu un coup de pique à la cuisse à l’entrée du pont, il se retira dans le château qui ne vaut rien, où lui, onzième, le défendit jusqu’au lendemain qu’il fit la capitulation. »
    (Mémoires de Richelieu, liv. XI.)
  5. Au château.
  6. Jacques de Chastenet, seigneur de Puységur, fils de Jean de Chastenet, seigneur de Puységur, et de Madeleine d’Espagne, devint en 1655 mestre de camp du régiment de Piémont. Il avait « quitté les chausses » en 1617, et était entré au régiment des gardes dans la compagnie de Casteljaloux. Il mourut âgé de 82 ans. — Voir à l'Appendice. XVI.