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journal de ma vie.

Le vendredy 2me on donna la charge de camerera major[1] de la reine a la duchesse de Gandia[2] que monsieur l’ambassadeur ordinaire et moy allames aussy tost voir et saluer. Elle alla baiser la main au roy pour cette merced[3] a cinq heures du soir, conduite par le comte de Benavente et accompagnée d’autres grands [et][4] seigneurs et de dames aussy.

Environ cette mesme heure on tira du palais le corps du feu roy pour le mener a l’Escurial au tombeau de ses peres. Je fus le voir passer sur la Puente Segoviana[5] avec quasy tous les grands de Madrid et les dames. Ce fut un assés chetif convoy a mon avis pour un sy grand roy. Il y avoit quelque cent ou six vingts moynes jeronimistes avesques leurs surpelis, montés sur de belles mules, quy alloint deux a deux suyvans le premier quy portoit la croix, puis quelque trente gardes menés par les marquis de Pobar et de Falsas : puis suyvoit la maison du roy, les maitres d’hostel les derniers avant[6] le duc de l’Infantado, grand maitre, quy marchoit devant le corps quy estoit porté sur un brancart [par deux mules couvertes comme le brancart][7] de drap d’or jusques aux sangles seulement : apres cela marchoint les gentilshommes de la chambre

  1. Camarera mayor, première dame d’honneur.
  2. Artemisia Doria-Caretto, épouse du septième duc de Gandia.
  3. Merced, grâce accordée par le roi.
  4. Inédit.
  5. Le pont de Ségovie, sur le Manzanarès, aux portes de Madrid.
  6. Il y avait aux précédentes éditions : avec.
  7. Inédit.