seroit tres bien et a propos. Il s’y accorda, et je m’en revins comme desja tout marchoit a Granges.
Il faut sçavoir que les ennemis marchoint coste a coste de nous a une lieue de distance sans sçavoir de nos nouvelles, ny nous d’eux, tant tout estoit en desordre parmy nous ; et le logis de nos chevaux legers estoit le mesme que Mr de Boullon avoit donné aux trouppes de Mr de Luxembourg[1]. Leurs mareschaux des logis et les nostres se rencontrerent au logement ; et comme les nostres estoint plus en nombre, ils chargerent ceux des ennemis et les chasserent, lesquels vindrent porter l’allarme a Mr le Prince quy fit mettre son armée en battaille, pensant nous avoir sur les bras, et la fit camper cette nuit là en une plaine a une lieue derriere nous sur le chemin de Sens ou nous allions tous deux.
Il arriva encores une autre chose par cas fortuit, quy les tint en allarme, quy nous servit beaucoup : c’est que ceux de Granges avoint retiré leurs personnes et leurs biens dans l’eglise du village quy estoit assés bonne pour coups de main, et mise en cet estat pour leur conservation dès les guerres de la Ligue. A l’arrivée de Mr de Pralain avesques quy j’estois, nous trouvasmes que le provost de l’armée quy estoit un assés bon voleur, pensant gaigner beaucoup dans cette eglise s’il s’en rendoit maitre, les somma de mettre ses archers dedans pour la guarder, et eux ayans respondu qu’ils ne l’ouvriroint point jusques a l’arrivée des chefs, ce provost avoit tiré quelques arquebusades, et eux y
- ↑ Henri de Luxembourg, duc de Piney, fils de François de Luxembourg, duc de Piney, et de Diane de Lorraine-Aumale, sa première femme, mourut le 23 mai 1616. Il fut le dernier descendant mâle de cette grande maison de Luxembourg.