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1621. septembre.

Les deux cens Suisses m’arriverent lors au bout du chemin devers le pont ; je les fis retourner le plus diligemment qu’ils peurent vers le carero de Ruffe ou estoit Normandie, et en mesme temps j’oyois tirer des coups de pistollets, ce quy me fit croyre que c’estoit quelque cavalerie quy les attaquoit. Je suyvis les coups de pistollet et descendis au carero de Ruffe ou un corps de garde avancé fit sa descharge et puis se retira dans la barricade, quy se mit en estat de les attendre, et a l’heure mesme les ennemis vindrent donner par deux fois dans la barricade, quy fut tres bien soustenue par ces deux compagnies de Normandie. J’estois en impatience des Suisses, quy arriverent en mesme temps ; je leur fis laisser leurs tambours a la main droitte et les fis passer doucement a la main gauche. Les ennemis qui ouirent battre ces tambours suisses a leur main gauche, n’y voulurent pas donner ; ils se jetterent a leur main droitte quy estoit nostre gauche, et parce que le chemin estoit creux (comme ils le sont tous en ce païs là), il falloit qu’ils sautassent dedans plus de quattre piés de haut. Ils estoint onse cens hommes separés en trois battaillons : celuy de l’avant garde passa, plus haut que le lieu [ou estoint les Suisses, proche du regiment][1] d’Estissac quy estoit en battaille devant son quartier et quy par inadvertance ou pour croyre que c’estoint de nos trouppes (ce quy estoit toutefois hors d’apparence), le laisserent passer franc sans luy donner ny tour ny atteinte. Le bataillon quy le suyvoit, quy estoit le corps

  1. Inédit.