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1615. octobre.

sans crainte d’aucun sinistre accident pour le service du roy apres que nous l’aurions eslongnée[1]. Mrs de Refuges et Descures fortifierent mon opinion de plusieurs raysons, et monsieur le mareschal et Mr de Pralain y consentirent, comme firent aussy les lieutenans general et criminel : le seul archediacre nous fut contraire, quy protestoit que sy on laissoit ces gens dans la ville, qu’elle estoit perdue, et que pour luy il estoit resolu, sy nous le faisions, de sortir de la ville en mesme temps que nous ; je le rapaisay en fin, lui disant que ces exilés luy en auroint de l’obligation, et que je ferois qu’ils le prieroint d’interceder pour eux : puis je sortis pour leur parler, quy furent ravis [d’entendre][2] que je leur procurois avec l’honneur la liberté de demeurer dans leur ville. Nous fismes semblant de respondre pour eux, et ils se sont montrés depuis infiniment passionnés au service du roy.

Nostre armée vint le mardy 20me loger a Saint Julien du Saus[3] et en partit le mercredy 21me pour venir loger a Joygny[4]. Mais comme quelques uns des quartiers estoint plus avancés et que l’on avoit envoyé plus avant battre l’estrade pour prendre langue des ennemis, nos coureurs vindrent jusques a un ruisseau quy est au devant de deux bourgs nommés Chanlay[5] et

  1. Après que nous nous en serions éloignés.
  2. Inédit.
  3. Saint-Julien-du-Sault, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Joigny. L’armée royale suivait le cours de l’Yonne en le remontant.
  4. Au lieu de cette phrase il y avait dans les précédentes éditions : Notre armée vint le samedi 24 loger à Joigny.
  5. Champlay, village du canton de Joigny, à une lieue de cette