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journal de ma vie.

Je m’en revins le soir coucher a Esguillon, et le jeudy matin 18me je fis passer Navarre, Ribeirac et Champaigne, quy acheverent de fermer tout a fait Monheurt du costé de la terre, et ordonnay l’attaque de deça vers Esguillon aux trois regimens premiers campés, et celle de l’austre costé aux trois autres, toutes deux le long de la riviere.

Je logeay les compagnies de chevaux legers de Chevreuse, Signan et Bussy Lamet a Puch de Gontaut, et leur ordonnay de battre l’estrade vers Castel Jaloux[1] ou le vendredy 19me je fis aller loger la compagnie de gensdarmes de monsieur le connestable.

Le samedy 20me le regiment de Champaigne ouvrit la tranchée de son costé. On estoit bien plus avancé[2] du costé de Piemont.

Mr le mareschal de Roquelaure arriva, a quy je rendis le devoir et l’obeissance requise, dont il se contenta, me laissant le destail du siege. Il me pressa d’oster la compagnie de gensdarmes de monsieur le connestable, de Castel Jaloux, parce qu’il avoit au chasteau dudit lieu une compagnie des siennes en garnison, pour l’entretenement de laquelle il faisoit payer a ceux de la ville cinquante francs par jour. Je luy respondis qu’il estoit le maitre, et qu’il pouvoit donner le departement ou il luy plairoit ; que pour moy je n’en sçavois point d’autre. Il dit qu’il la falloit faire passer delà la riviere devers Marmande ; a quoy je contrariay, disant qu’elle n’y seroit seurement. Il

  1. Castel-Jaloux, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Nérac.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : plus au nu.