l’avait tenu en grand honneur. Depuis il était venu à Rome, d’où il avait passé en Allemagne, et il avait en effet pressé le duc de Bavière de livrer bataille devant Prague en lui annonçant une victoire qui paraissait inespérée. Ses prédictions eurent moins de succès à Montauban. S’il faut en croire les écrivains Protestants, le P. Dominique ne se découragea pas, et il annonça la prise de la ville pour le 15 octobre. Voici ce que dit à ce sujet l’auteur de l’Histoire particuliere :
« Durant la grande presse de ces affaires, un bruit couroit, dont l’origine estoit ignorée, qu’un assaut nous seroit livré au quinziesme de ce mois, par le conseil d’un certain P. Dominique, l’estime duquel relevoit le courage des assiegeans, et enfloit les voiles de leurs esperances de ces bouffées, que la ville seroit alors emportée : car c’estoit (disoit-on) ce Religieux, sur la parole et exhortation duquel l’Empereur gaigna la bataille devant Prague. Cette monnoye fut incontinent au descry, et au billon parmy un peuple, auquel les Ministres preschoyent, que tels Prophetes ne rencontrent pas tousjours, et que Balaam ne maudit pas Israël toutes les fois qu’il en est requis. »
Et un poëte huguenot consacre à l’insuccès de cette prophétie la strophe suivante :
Aux discords nous faisons la nicque
Et n’en avons ny peur ny mal
De ce beau pere Dominique
Ce faux Prophete de Baal,
Trompeur, il avoit mesurée
La longueur de nostre durée
Au quinziesme d’Octobre passé,
Mais nous voyons que c’est un songe
Et l’esprit qui l’avoit poussé
Estoit un esprit de mensonge.
(Meditation d’un advocat de Montauban sur les mouvemens du temps present. M. DC. XXII.)
Il est vrai que l’écrivain catholique répond à l’avocat de Montauban :