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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/102

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journal de ma vie.

cette nuit mesme partir le secours pour Lunel, Mr le Prince m’ordonna de mener les trouppes d’infanterie sorties du siege de Marsillargues, avesques la compagnie de chevaux legers de Monsieur, frere du roy, commandée par Mr d’Elbene, sur l’avenue de Cauvisson au devant de Lunel. Mr de Montmorency et Mr le mareschal de Pralain y vindrent aussy passer la nuit, croyant que le secours arriveroit, et parce aussy qu’ayans contrarié l’opinion que j'avois mise en avant au conseil d’aller forcer les ennemis dans Cauvisson mesme, et y mener nos deux coulevrines comme j’avois offert de l’entreprendre, et promis de le faire reussir ; mais je n’en fus pas creu[1]. Nous nous en retournames au jour, et les ennemis sortirent de Lunel pour nous escarmoucher a nostre retour, lesquels nous rembarrasmes dans la ville.

Le vendredy 5me Mr le Prince envoya querir le conseil de guerre, et là mit en avant d’executer la proposition que je luy avois faite le jour precedent, et d’aller en personne forcer les ennemis dans Cauvisson. Mrs de Pralain, Montmorency, et Chomberg, voulurent l’accompagner, de sorte que je fus laissé pour commander l’armée et faire le siege.

Il partit sur les quattre heures apres midy avesques trois mille hommes de pié, trois cens chevaux d’eslite, et deux coulevrines, et marcha droit à Cauvisson, et les ennemis quy venoint au secours marchoint de leur costé, et passerent a mille pas l’un de l’autre sans allarme, ny reconnoissance, de sorte que, comme

  1. L’auteur a oublié de finir la phrase.