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journal de ma vie.

mode ; et sy ils ont quelque chose a vous dire, qu’ils vous le facent sçavoir precedemment, et lors vous leur manderés quand ils auront a vous venir trouver. C’estoit ainsy que le feu roy vostre pere negotioit, et comme il faut que Vostre Majesté en face, et lors qu’ils y viendront autrement, les renvoyer comme ils seront venus, et leur dire fermement une fois pour toutes. » Le roy prit en fort bonne part ce que je luy avois remontré, et me dit que des l’heure mesme il mettroit mon conseil en pratique, et continua de causer avec Mr le mareschal de Pralain et moy. Quand cela eut un peu duré, Mr le Prince vint dire au roy : « Sire, ces messieurs vous attendent pour tenir conseil. » Le roy se tourna devers Mr le Prince avec un visage esmeu, et luy dit : « Quel conseil, Monsieur ? Je ne les ay point mandés ; je serois en fin leur vallet : ils viennent quand il leur plait, et lors qu’il ne me plait pas. Qu’ils s’en retournent s’ils veulent, et qu’ils ne viennent que quand je leur manderay ; c’est a eux a prendre mon heure et a me l’envoyer demander, et non a moy a la prendre d’eux. Je veux qu’un secretaire d’Estat se trouve tous les jours quand je descendray a la giste en quelque lieu pour me dire ce qu’il y a de nouveau, et selon cela je leur donneray mon heure ; mais je ne prendray jamais la leur : car je suis leur maitre. » Mr le Prince se trouva un peu surpris de cette response et se doutta bien de quelle boutique elle venoit. Il s’en retourna leur dire, lesquels luy firent dire[1] par Mr le Prince qu’ils n’estoient venus que

  1. Firent dire au roi.