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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/174

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journal de ma vie.

berg parce qu’il luy avoit rayé sur l’estat de Champaigne deux mille escus par an qu’il s’estoit fait donner pour recompense du gouvernement de Mesieres qu’il avoit perdu aux premiers troubles[1], et sçachant que Mr de Chomberg chanceloit, prit l’occasion de le renverser tout a fait. Il passa en Bresse, conduisant l’armée, et proposa a Mr le Grand d’aspirer aux finances, luy disant qu’il avoit des moyens infaillibles de destroner Chomberg, lequel s’estoit guery, mais non pas des playes que l’on luy avoit faites dans l’esprit du roy, en sorte que La Vieville fut escouté quand il supplia tres humblement le roy, dans Montpelier, de dispenser Beaumarchais son beau pere[2] d’entrer au jour de l’an prochainement venant dans l’exercice de sa charge de tresorier de l'espargne, attendu que sans son evidente ruine il ne le pouvoit faire, veu que Mr de Chomberg avoit despendu par anticipation tout le revenu de Sa Majesté de l’année prochaine jusques au dernier quartier. Il dit au roy que s’il n’estoit question que de l’avance d’un million d’or pour faire subsister les affaires de Sa Majesté, que Beaumarchais le trouveroit sur son credit et sur celuy de ses amis, mais que ses espaules n’estoint pas assés fortes pour soustenir le faix entier de la despense de l’année de son exercice, et qu’il le supplioit a mains jointes de l’en descharger ; ce qu’il ne feroit s’il y pouvoit voir quelque subsistance, et que ce luy eut esté un signalé

  1. En 1614.
  2. Le marquis de la Vieuville avait épousé en 1611 Marie Bouhier, fille de Vincent Bouhier, seigneur de Beaumarchais, conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, trésorier de l’épargne, et de Marie Hotman.