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journal de ma vie.

Mr  le Prince prevoyant sagement les inconveniens quy peuvent arriver aux differens commandemens, l’importance de passer en une heure l’armée, et avec un grand ordre, proposa au roy d’en commettre le soin a un seul, et qu’il luy conseilloit que ce fut a moy, s’asseurant que je m’en acquitterois bien. Je le remerciay tres humblement de l’honneur qu’il me faisoit, et de la bonne opinion qu’il avoit de moy, et l’asseuray que je tascherois de m’en acquitter a son contentement.

Sur cela je m’en vins en un logis que l’on avoit laissé a Mr  le mareschal de Pralain et aux mareschaux de camp, lesquels j’appelay pour ensemble faire l’ordre, lequel fut en cette sorte :

Que le rendés vous de toutes les trouppes seroit a dix heures du soir, et que l’infanterie se viendront mettre en battaille a la main gauche du logis ou nous estions, en une plaine quy y estoit, et que le regiment des gardes feroit cinq battaillons qu’il mettroit en losanges, et seroit a la teste ; que derriere luy seroint les Suisses en deux gros battaillons, puis en suitte deux battaillons de Normandie, et finalement Navarre en trois battaillons ; je signalay leurs places a leurs sergens majors, puis leur donnay l’ordre et les renvoyay. Nous fismes sept corps de nostre cavalerie, assavoir : les carabins d’Esplan quy seroint a la teste a la main droitte du logis ou j’estois ; puis la compagnie des Roches Baritaut[1] ; en suitte les chevaux

  1. Gabriel de Chasteaubriant, seigneur des Roches-Baritaut, comte de Grassay, fils de Philippe de Chasteaubriant, seigneur des Roches, comte de Grassay, et de Philiberte du Puy-du-Fou, sa seconde femme, fut lieutenant général en Bas-Poitou.