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journal de ma vie.

amis ; mais que je sçaurois bien toujours garder les degrés d’amitié selon la qualité de mes amis, comme je ferois premierement de service tres humble et de respect soumis envers Mr le Prince privativement a tous autres, a cause de sa qualité, de celle de mon general qu’il possedoit maintenant, et pour les faveurs qu’il avoit daigné me faire depuis qu’il m’avoit fait l’honneur de m’asseurer de ses bonnes graces ; en suitte de messieurs le cardinal et de Chomberg, par une amitié plus ancienne que celle de Mr de Puisieux, mais qu’il marcheroit aussy dans son rang en mon affection, et que je ne luy manquerois pas.

Mr le Prince me dit allors que je ne serois pas toujours en estat de choisir, et que quand, pour conserver l’amitié de Mr de Puisieux, j’aurois perdu la sienne, et celle des trois ministres, j’aurois tout loisir de m’en repentir, et n’aurois plus de moyen d’y revenir. Je luy dis que je serois extreordinairement affligé de perdre l’honneur de ses bonnes graces et en suitte celles des ministres, mais qu’il me resteroit la consolation de ne les avoir pas perdues par ma faute ; que je n’achetterois jamais les bonnes graces de quy que ce fut au prix de ma reputation, et que je ne voyois en cette presente affaire, ny rayson, ny apparence : et sur cela je me separay d’eux quy demeurerent encores quelque temps a conferer ensemble.

Le roy envoya ce soir là deux cens chevaux battre l’estrade vers Montauban, et Mr de Valançay m’ayant prié de luy faire donner cette commission, le roy luy accorda, et lors ledit seigneur de Valançay le supplia de luy permettre de prendre la compagnie de gensdarmes de Mr le Prince dont il estoit lieutenant, et celle