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journal de ma vie.

Pralain, capitaine en Navarre : Mr  de Chevreuse estoit appuyé sur son espaule quand il tomba du coup.

Apres que nous eumes fait en plein jour ces deux premieres approches, ce quy ne se fit pas sans peril, le regiment des gardes arriva, a quy je fis faire les siennes du costé du chasteau, ou je le campay. Ceux de dedans nous tirerent extremement : Mr  de Vic[1] eut, a cette derniere approche, une mousquetade en l’espaule comme il parloit a moy et me demandoit l’ordre pour les chevaux legers de la garde, dont il estoit cornette ; le coup fut favorable, car il ne luy cassa point d’os.

La nuit, Toiras capitaine du regiment des gardes, me vint montrer un lieu tres propre pour faire la batterie et pour ruiner une simple muraille quy joygnoit le chasteau a la ville. Il y avoit une meschante muraille de terre et de pierre, quy fermoit un champ, laquelle pouvoit couvrir de la ville et du chasteau ceux quy travailleroint aux batteries et platteformes, mais il falloit aller cent pas [a descouvert][2] avant qu’y arriver. Le mespris que nous faisions de cette place et la croyance que nous avions qu’a tous momens elle viendroit capituler, fit que nous nesgligeames egalement, moy a faire faire une ligne pour y aller a couvert, et Mr  de Chomberg de faire faire des gabions pour couvrir sa batterie, croyant que les canonnades ne feroint qu’un trou quy serviroit

  1. Gédéon de Vic, seigneur d’Ermenonville, second fils de Méry de Vic, seigneur d’Ermenonville, garde des sceaux de France, et de Marie Boudineau, mourut le 26 février 1636.
  2. Inédit.