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journal de ma vie.

Je luy dis que je ferois fort punctuellement ce quy me seroit ordonné, mais que j’avois ma voix au conseil comme un autre pour y dire mon avis, comme je ferois toujours, tant que le roy et luy l’auroint agreable, et que lors qu’ils ne le trouveroint plus bon et qu’ils me fermeroint la bouche, que je me lierois a moy mesme les mains et que je me retirerois du service. Le roy prit lors mon party et se fascha fort contre Mr  le Prince.

Le lendemain lundy 13me Mr  le Prince nous emmena des la pointe du jour a Saint Antonin pour reconnestre le logement ou campement de l’armée, et la place quand et quand, que Mrs  de Vandosme et mareschal de Temines avoint assiegée cinq jours auparavant. Ils avoint pour mareschaux de camp Marillac, et Arpajoux[1], gendre de Mr  de Temines. Tous ces messieurs vindrent recevoir Mr  le Prince au dessus de la montagne, de laquelle il est aysé de reconnestre Saint Antonin ; car on y voit dedans les rues de la ville.

Il n’y eut point de difficulté pour le campement, car il fut resolu aussy tost dans le vallon ou Saint Antonin aboutit, sur le bord d’une petite riviere nommée la Benette[2], quy passant a travers de la ville, se va jetter dans celle de la Veirou quy la borde d’un costé. Mais pour l’attaque de la ville, il se ren-

  1. Louis d’Arpajon, marquis de Séverac, depuis duc d’Arpajon, fils aîné de Jean d’Arpajon, baron de Séverac, et de Jacquette de Castelnau de Clermont-Lodève, mort au mois d’avril 1679. Il venait d’épouser en 1622 Gloriande de Lauzières de Thémines, fille du maréchal de Thémines et de Catherine d’Ebrard de Saint-Sulpice.
  2. La Bonnette, petit affluent de la rive droite de l’Aveyron. — Il y avait aux précédentes éditions : la Bouvette.