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1622. juillet.

temps ou nous estions et l’exposition que nous faisions a toute heure de nostre vie pour son service, qu’il y avoit apparence que nous viendrions aussy tost a vaquer que cette mareschaussée que nous devions attendre ; qu’en la qualité de mareschaux de France nous le pourrions utilement servir en cette prochaine guerre de Languedoc s’il nous vouloit faire la grace de nous creer presentement, et qu’il pourroit en suitte supprimer la premiere charge de mareschal quy viendroit a vaquer, ce quy seroit une mesme chose que ce qu’il proposoit, et pressa le roy bien fort, lequel s’en deffendit le plus qu’il peut. En fin je luy dis :

« Sire, la grace que Vostre Majesté me vient de faire, de m’estimer digne de la charge de mareschal de France, et celle de me l’avoir offerte et promise avant Luy en avoir jamais parlé, ny mesmes l’avoir pretendue, est sy grande que, quand elle n’arriveroit jammais en effet, je suis plus que dignement recompensé de l’exces de cet honneur inopiné et non merité, et j’avoue a Vostre Majesté qu’ayant toujours mieux aymé meriter les grands honneurs que de les posseder, je n’ay pas une sy grande avidité de ce baston comme Mr  de Chomberg. Aussy estant de six années plus jeune que luy, j’auray plus de loysir a l’attendre, et plus de temps, selon le cours de nature, a en jouir. C’est pourquoy Vostre Majesté le peut des a present gratifier[1] de la charge quy vaque par la promotion de Mr  le mareschal Desdiguieres a la connestablerie, et me conserver la bonne volonté qu’elle a pour moy lors qu’il en viendra a vaquer une pareille, pour m’en

  1. Il y avait aux précédentes éditions : qualifier.