Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
1622. aout.

vouloint que l’on allat droit à Lunel][1], et leurs raysons estoint que l’on donneroit trop de temps aux ennemis de fortifier et pourvoir Lunel de gens de guerre, lesquels incommoderoint nostre siège de Marsillargues et puis apres nous rendroint la prise de Lunel plus difficile. Mr de Toiras estoit derriere nous au conseil, quy estoit capitaine au regiment des gardes, lequel me dit a l’oreille : « Et pourquoy ne les pourroit on pas assieger toutes deux à la fois ? » Cela m’y fit penser, et puis quand ce vint a moy de dire mon avis, je proposay celuy que Toiras m’avoit suggeré, disant que nous avions assés de forces et de canons pour faire l’un et l’autre a la fois ; que Mr le Prince pouvoit commettre a monsieur son beau frère[2] le siege de Marsillargues avec les quattre regimens qu’il avoit ammenés, sçavoir celuy de Portes (qu’il faisoit nommer regiment de Languedoc), de Fabregues, de la Roquette[3] et de Saint Brest[4], ausquels on pourroit adjouster le regiment de Normandie et celuy de

  1. Inédit.
  2. M. de Montmorency.
  3. Ces deux régiments, qui avaient paru au siége de Montauban, avaient probablement pour colonels : l’un, N. de Verdelhan, seigneur de Fabrègues, fils de Daniel de Verdelhan, seigneur de Fabrègues, et de Madeleine de Budos ; l'autre, Jean de Valette, seigneur de Cornusson et de la Roquette, fils de François de Valette, seigneur de Cornusson, et de Gabrielle de Murat, qui fut sénéchal et gouverneur de Toulouse.
  4. Le colonel du régiment dont il est ici question était Antoine de Grimoard de Beauvoir du Roure, baron de Saint-Remèze et Saint-Brest, fils puîné d’Antoine de Grimoard de Beauvoir du Roure, marquis de Grisac, et de Claudine de la Fare-Monclar. Il avait épousé, en 1596, Anne d’Ornano, fille du premier maréchal d’Ornano.