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SUR LES HOULES DE L’ATLANTIQUE

Un moment j’ai eu envie de faire demi-tour. Je sentais venir le péril. Mais tout était bouché, de tous les côtés ; il fallait poursuivre.

Je continue donc. Il n’y a plus de plafond : il touche les vagues. Il pleut, comme jamais je n’ai vu pleuvoir. Les bords d’attaque de mon avion en sont déchiquetés, et jamais ne s’est si pleinement justifiée l’expression : tomber des hallebardes !…

Aveuglée par l’eau, j’ai dépassé Porto Allegre sans le voir. Je n’ai même pas aperçu sa lagune qui a pourtant quarante kilomètres de large. S’il faisait clair, je pourrais la traverser et, en coupant ainsi, gagner quarante minutes de vol. Mais je suis obligée d’aller faire le tour par Rio-Grande pour gagner Pelotas qui est à soixante-dix kilomètres, à l’intérieur.

Maintenant, je suis à cheval sur une voie ferrée que parfois je ne distingue même pas. En ce moment, les radios de Pelotas passent des messages alarmés et que naturellement j’ignore :