Page:Bastié - Ailes ouvertes, 1937.pdf/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
AILES OUVERTES

qui, cette nuit-là, faisaient des exercices : je n’avais pas de feux à bord et, dans l’obscurité, le feu arrière d’un avion se confond facilement avec les étoiles.

À un moment, un avion passa si près de moi que je cabrai mon appareil dans l’épouvante d’une collision que je crus inévitable. À peine remise de cette alerte, j’apercevais soudain un autre avion juste au-dessus de moi, si bien que je vis nettement les roues de son train d’atterrissage à quelques mètres de ma tête.

Ces circonstances étaient arrivées à me faire oublier le froid qui m’engourdissait, — j’étais dans un avion torpédo — les intolérables crampes, la lassitude écrasante. Mais je n’étais pas au bout de mes souffrances. Il semblait que le ciel eût mobilisé toutes ses forces mauvaises pour les jeter en travers de ma route…

Maintenant venait le sommeil, ce redoutable ennemi du pilote. C’était le début de la seconde nuit. L’incessant ronronnement du moteur, peu à peu, m’engourdissait le cerveau. Mes paupières s’alourdissaient… Dans une