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AILES OUVERTES

Un mur… et je suis à six cents mètres !… J’ai la berlue, voyons ! Je réagis violemment contre ma torpeur ; je reprends mon sang-froid, je suis parfaitement lucide. Je sais qu’il n’y a pas de mur… Mais je continue à en voir un sur ma droite, immense et blanc… Pour l’éviter, malgré moi, soigneusement, je prends mes virages à gauche…

L’heure passe avec cette hantise sur ma rétine. Je regarde ma montre sans cesse : l’heure tourne. Brave petite aiguille qui m’encourage, ranime ma défaillante énergie !. Encore un effort… un autre… Il faut tenir… tenir jusqu’au bout… J’ai l’impression maintenant d’être une machine, une machine souffrante et agissante, mais que rien n’arrêtera avant le but définitif…

« Ou je me tuerai, ou j’arriverai ! »

Un nouveau regard sur ma montre… après tant d’autre !… Ça y est ! J’ai battu le record de durée…

Je pourrais atterrir. Mais il y a de l’essence dans les réservoirs ; je peux tenir, donc je