tunes ; que, hors de cet équilibre, l’économie politique n’est qu’un mot, et l’ordre public, le bien-être des travailleurs, la sécurité des capitalistes et propriétaires, une utopie.
Or, cet équilibre, duquel doivent naître l’accord des intérêts et l’harmonie dans la société, aujourd’hui n’existe pas : il est rompu par diverses causes, selon moi, faciles à détruire, et au nombre desquelles je signale, en première ligne, l’usure, l’intérêt, la rente. Il y a, comme je l’ai dit tant de fois, erreur et malversation dans les comptes, falsification dans les écritures de la société. De là le luxe mal acquis des uns, la misère croissante des autres ; de là, dans les sociétés modernes, l’inégalité des fortunes et toutes les agitations révolutionnaires. Je vais, monsieur, vous en donner, par écritures de commerce, la preuve et la contre-preuve.
Constatons d’abord les faits.
Les produits s’échangent contre les produits, ou, pour parler plus juste, les valeurs s’échangent contre les valeurs : telle est la loi.
Mais cet échange ne se fait pas toujours, comme l’on dit, donnant, donnant ; la tradition des objets échangés n’a pas toujours lieu simultanément de part et d’autre ; souvent, et c’est le cas le plus ordinaire, il y a, entre les deux livraisons, un intervalle. Or, il se passe, dans cet intervalle, des choses curieuses, des choses qui dérangent l’équilibre et faussent la balance. Vous allez voir.
Tantôt l’un des échangistes n’a pas le produit qui convient à l’autre, ou, ce qui revient au même, celui-ci, qui consent bien à vendre, veut se réserver d’acheter. Il entend bien recevoir le prix de sa chose ; mais il ne veut, pour le moment du moins, rien accepter en échange. Dans l’un et l’autre cas, les échangistes ont recours à une marchandise intermédiaire, faisant dans le commerce l’office de proxénète, toujours acceptable et toujours acceptée : c’est la monnaie. Et comme la monnaie, recherchée de tout le monde, manque pour tout le monde, l’acheteur