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Page:Bataille - Le Clavier d’or, 1884.djvu/21

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AU MAÎTRE

A VICTOR HUGO


Je viens joindre ma voix au chœur des lyres d’or,
J’apporte sans éclat un clair et simple accord.
Je n’ai mis dans mon chant aucune vaine image :
Devant monter plus haut, plus humble est mon hommage.

Les cieux, las quelquefois de gloire et de décor,
Descendent de leur ciel près du nid qui s’endort,
Pour se ressouvenir du si naïf langage
Qui berça leur printemps dans le sacré bocage.

Mon poème sera comme un salut d’oiseau,
Et plus doux qu’un soupir dans l’âme d’un roseau ;
Et de peur que le vent ne le jette en la tombe,

Je le ferai porter jusqu’aux pieds du soleil
Par les songes ailés de Jeanne la colombe,
Pour que le Dieu sourie en sortant du sommeil.