Aller au contenu

Page:Bataille - Le Clavier d’or, 1884.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




I

Le Clavier d’Or.


Quand il eut achevé l’instrument merveilleux
Qui Pleure par ma voix et chante par ta bouche,
L’Harmoniste divin, essayant chaque touche,
En fit jaillir l’essor des sons mystérieux.

La gamme des ris clairs et des éclats joyeux
Egrena son délire enivrant sur ta couche :
La chanson des soupirs et du regret farouche
Tinta lugubrement dans mon être anxieux.

Sous les doigts du plaisir tressaille chaque fibre
De ton corps amoureux, et toute ta chair vibre
Au contacta d’un baiser comme au vent les grands flots.

Sous la main du malheur mon âme se lamente,
Et tu pourrais sentir mon cœur, heureuse amante,
Dans un funèbre accord se briser en sanglots.